Bousculer la sacrosainte assurance-vie à la française
Dans « Pour une crisologie », Edgar Morin décrit la crise comme « le moment où, en même temps qu’une perturbation, surgissent des incertitudes ». De mon expérience de la crise de 2008 à celle liée au COVID-19, j’ai eu l’occasion de constater que l’incertitude est en effet une des composantes importantes d’une crise.
Cette année, c’est la notion de « monde d’après », chère à certains éditorialistes, collègues ou même amis, qui cristallise doutes et questionnements. A quoi ressemblera-t-il ? Allons-nous enfin prendre conscience des changements structurels nécessaires pour prévenir le changement climatique ? Quel avenir pour notre économie ? Des questions importantes et complexes certes, mais que je vois davantage comme des opportunités d’innover et de bousculer les dogmes, surtout dans notre secteur.
Mon constat est que la crise que nous subissons n’est, contrairement à 2008, pas directement provoquée par le secteur financier. Il y a 12 ans, j’étais un jeune professionnel qui a vu collègues et dirigeants s’abandonner tantôt à la panique, tantôt à la résignation, face au choc colossal engendré par la crise des subprimes.
La responsabilité de cet échec et de ses conséquences était à l’époque un fardeau sûrement trop lourd à porter pour voir le secteur réagir avec optimisme et force de volonté.
En 2020, je ne suis plus si jeune, mais j’ai été fier de la capacité d’adaptation dont mes équipes ont fait preuve. Notre gestion de la période que nous continuons à traverser a surtout montré que les crises doivent être des moments d’accélération de l’innovation. Notre manière de travailler, d’étudier, ou même notre lien avec les autres sont autant d’activités où une tendance à l’innovation déjà prégnante s’est retrouvée considérablement accélérée ces derniers mois. Alors pourquoi ne pas également profiter de la crise pour épargner différemment ?
Épargner différemment, c’est bien évidemment investir de façon durable et responsable. Pour autant, investir de façon responsable ne veut pas forcément dire transiger sur la rentabilité… C’était d’ailleurs le sens de mon propos dans l’épisode 6 du podcast Perspectives, réalisé par Le Figaro : https://www.lefigaro.fr/
Mais c’est aussi, et je pense que le contexte s’y prête tout particulièrement, sortir du modèle d’épargne constitué principalement de fonds en euros.
Si l’assurance-vie à la française est un placement qui rassure, cela ne l’empêche pas d’être de moins en moins rentable, offrant des gains annuels réels plus que marginaux. En 2019, la rémunération moyenne des contrats en euros était ainsi aux alentours de 1,5%, un niveau à peine supérieur au taux d'inflation. Et la tendance à l'érosion rapide de ce rendement se confirme pour l'année 2020…
Alors pourquoi ne pas faire le grand saut vers les contrats en unités de compte pour une partie plus significative de son épargne ? Ils dégagent un meilleur rendement moyen dans la durée, et rémunèrent ainsi mieux les épargnants. Continuons à redonner au gérant d’actifs son rôle de composition : celui de gérer des actifs. Et aux assureurs le leur : garantir et assurer.
Arrêtons avec l’amalgame selon lequel les gestionnaires d’actifs seraient incapables de créer de la stabilité et de la protection pour leurs clients. Notre rôle est aussi de vous proposer des investissements équilibrés, durables, combinant gestion des risques et espoir de gain. La clé repose sur l’équilibre de ces derniers : nous vous aidons à trouver la meilleure combinaison entre liquidité, sécurité et perspectives de performance, à travers de nouveaux produits. Cette innovation, elle peut par exemple provenir de collaborations entre le monde de la gestion d'actifs et celui de la banque d’investissement, ou même parfois de certaines fintechs.
Ne nous laissons pas abattre, ne cessons pas d’innover, de remettre en question les modèles établis, et allions nos forces afin de faire de ces temps incertains les prémices d’un monde nouveau.
Johann Rivalland - Président/CEO